Durant plus d’une semaine, Casablanca, capitale économique du royaume fut submergée par les eaux. L’équivalent de plus de six mois d’intempérie s’est abattu sur la ville, au grand bonheur de nos grands parents (pour la baisse des prix des légumes) et au plus grand désarroi des habitants. Retour sur une semaine qui a fait trembler l’élite casaouie et ses dirigeants. Alors, à qui la faute ? Le conseiller de la ville ? Ou le gestionnaire de la distribution d’eau potable ?
Le 4 Janvier, les casaouis partaient au travail et reviennent le soir, avec au-dessus de leurs têtes, un ciel grisonnant annonciateur de mauvais temps. Tout à coup, une petite et légère pluie est apparue. Elle fut petite, minuscule, puis soudainement grande, énorme ensuite, me dit un casaoui. Les intempéries qui ont touché Casablanca ne sont pas les premières du genre ; déjà en 2010 plus de 6 mois de pluie s’est abattu en quelque jours. Abasourdis, les casaouis regardent leur rues inondées, des voitures sous l’eau, des tunnels fermés, pour le plus grand malheur des habitants mais au plus grand bonheur des enfants se croyant à la piscine.
Ces épisodes très mouvementés ne sont pas nouveaux. Depuis 1996 et en moyenne, tous les six ans, la ville casablancaise se retrouve noyée. En réponse à ces épisodes, le gestionnaire s’occupe de la gestion des eaux et de l’électricité pour une agglomération comptant plus de 4 millions d’habitants.
Depuis ces inondations, une joute débute entre les conseillers de la ville et Lydec. Le grand public se pose la question “A qui la faute ?” Chacune des deux parties se rejettent la faute et le maire de Casablanca, invité du plateau télévisé de 2M, le 7 janvier, s’est déchargé de toute responsabilité.
Quel est donc le rôle du Conseil de la ville ? “Transmettre les réclamations des citoyens à Lydec“, répond le maire avant d’ajouter que le Conseil de la ville a aussi “une mission et un rôle de contrôle“. Et c’est dans ce cadre que la réunion du vendredi suivant a été programmée.
Un membre du conseil de la ville contacté par un de nos confères rejette entièrement la faute sur le gestionnaire : “Cette année, les pluies ont été beaucoup plus importantes que les années précédentes“, nous explique t-il. “Mais le Conseil de la ville ne gère pas directement l’assainissement, c’est un domaine dont la gestion est déléguée à un opérateur privé qui doit répondre de ce qui se passe actuellement“.
Et de l’autre côté, Lydec se défend farouchement : “Ces réseaux sont régis par des référentiels précis. Ils sont généralement dimensionnés pour supporter une pluie de retour de dix ans, ce qui correspond à peu près à 20 mm. C’est le standard….Or, les pluies que nous avons constatées dans le périmètre de la gestion déléguée depuis le début des évènements de cette semaine dépassent la capacité de transit des réseaux qui sont dimensionnés, pour la plupart, pour une pluie décennale (20 mm, ndlr)”
“Nous avons un programme d’investissement qui se fait dans le cadre de nos engagements contractuels qui sont validés dans le comité de suivi (où est représenté le conseil de la ville, ndlr). Au moment où je vous parle, nous avons des projets en cours pour l’équivalent de 600 MDH. Depuis le début du contrat (1997, ndlr) nous avons investi à peu près 26 milliards de DH dont la moitié de ces investissements a été consacrée à l’assainissement”, ajoute Saâd Azzaoui.
Alors à qui la faute, visiblement aucune des parties ne veut prendre la responsabilité de ce fiasco qui a causé de nombreux morts et de nombreux dégâts matériels. Un juriste a tranché : « C’est une responsabilité partagée entre le Conseil de la ville de Casablanca et la société délégataire chargée de l’assainissement, Lydec », le juriste en question rappelle les termes du contrat de gestion délégué. Datant de 1997, il prévoit que « dès la prise en charge des ouvrages et des installations, le délégataire
est seul responsable du fonctionnement des services délégués qu’il gère et exploite à ses risques et périls conformément à la convention. ».
Les tractations entre les différentes parties continuent au sujet de l’indemnisation des habitants sous la colère de l’opinion publique et des habitants plongés dans leur désespoir.
Ghait Akbani-2B
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