Votre cerveau est incroyable ; il peut apprendre des langages, faire des calculs mathématiques et même avec l’aide de certaines substances vous faire voir des choses qui n’existent même pas. Je parle des psychédéliques, et en particulier du LSD qui est également appelé “retour acide” à cause des flash-backs (reprise des effets liés à la consommation de LSD bien après la dernière prise). La découverte des effets hallucinatoire du LSD par le chimiste suisse Albert Hoffmann est si connu qu’elle a été baptisée “jour du vélo” et correspond au 19 avril 1943. Il a en effet créé une nouvelle drogue basé sur l’ergot de seigle. Après avoir ressenti certains effets intéressant en travaillant sur ce champignon, Hoffman a décidé d’ingérer un quart de mg de la substance afin d’en comprendre les effets. Lorsqu’il prit son vélo afin de rentrer chez lui, il qualifia son trajet comme étrange et terrifiant. Il pensait ne plus pouvoir bouger et que le temps s’était arrêté. En arrivant chez lui, sa voisine prit l’apparence d’une sorcière.
Il pensait qu’un démon avait pris possession de son esprit, de son corps et de son âme. Pourtant, le lendemain il continua ses recherches et poursuivit l’étude des drogues qui altèrent l’esprit tout au long de sa carrière espérant en faire l’usage en psychiatrie.
Qu’est ce qui justifie ces effets, particulièrement sur la vision, lors de la consommation de drogues hallucinogènes?
Le LSD est un hallucinogène très puissant. Il peut vous faire voir et entendre des choses qui ne sont pas là. Un effet récurrent est l’impression que le temps ralentit voire même s’arrête. Les consommateurs décrivent également une vision en kaléidoscope. Tout ceci se produit à l’intérieur de votre cerveau. Cette drogue affecte des tonnes de vos neuro-récepteurs; ceux de la dopamine, les récepteurs adrénergiques et ceux de la sérotonine. C’est ce dernier qui est particulièrement intéressant spécialement pour les hallucinations. Même si la sérotonine apparaît à d’autres endroits de notre corps, c’est dans le cerveau qu’elle a le plus grand rôle. Elle est impliqué dans votre humeur, vos sentiments et votre rythme de sommeil. Dans des conditions normales, l’information de nos yeux est traitée dans une partie du cerveau à l’arrière de la tête appelée le cortex visuel. Le récepteur qui cause la création des hallucinations est le 5 – HT2A qui est extrêmement important dans le cortex visuel. Normalement, notre cerveau se compose de réseaux indépendants qui exécutent des fonctions spécialisées distinctes, telles que la vision, le mouvement et l’ouïe, ainsi que des choses plus complexes comme l’attention. Cependant, sous LSD la séparation de ces réseaux se décompose et à la place vous voyez un cerveau plus intégré ou unifié. Lorsqu’une personne consomme du LSD on le retrouve dans son cerveau dans les corps genouillés latéraux. Ces zones sont en fait sur le trajet des voies nerveuses visuelles d’où les hallucinations. Les images sont déformés et les couleurs sont irréelles. On observe en effet que les corps genouillés latéraux sont en fait des zones de relais du message nerveux visuel. Le message nerveux visuel produit par la rétine est acheminé par des neurones, les cellules nerveuses qui transmettent les messages, dont le corps cellulaire est situé dans la rétine et dont l’axone parvient jusqu’aux corps genouillés latéraux. Le message nerveux visuel est donc transmis de manière indirecte jusqu’au cortex visuel.
Entre neurones, le message se transmet au travers d’une synapse. Une synapse est une zone de communication entre deux cellules, dont au moins une est un neurone, où le message transmis est de nature chimique. La transmission au niveau de la synapse s’effectue en plusieurs étapes. D’abord le train de potentiel d’action arrive à la terminaison du neurone présynaptique qui contient des vésicules synaptiques. Par la suite les véhicules synaptiques, qui contiennent des neurotransmetteurs, sont libérés dans la fente synaptique, qui est la zone entre les deux cellules. Puis, les neurotransmetteurs se fixent sur des récepteurs qui leurs sont spécifiques sur la membrane du neurone postsynaptique. Enfin, un train de potentiel d’action va se former sur la membrane du neurone postsynaptique et parcourir son axone.
Après consommation de LSD, ce dernier se fixe sur les récepteurs de la sérotonine grâce à l’analogie de conformation spatiale avec cette dernière. Il active ainsi la production de glutamate et stimule les neurones du cortex visuel, sans nécessité de stimulation visuelle, ce qui explique les effets à court terme. Les effets à long terme sont dues à la neurotoxicité du glutamate.
D’autres hallucinogènes connus sont:
- Le Cannabis qui est un produit psychoactif (∆^9-THC) qui peut procurer au consommateur un sentiment d’euphorie passant par une altération de la perception
- L’ecstasy ou MDMA est une substance qui agit sur les synapses en créant une confusion, la cellule subit une hyper stimulation qui perturbe la vision en réduisant le champ de vision et en éclaircissant les couleurs
- L’alcool, plus souvent consommé est un substance psychotrope qui agit sur les récepteurs responsables de l’excitation du cerveau en inhibition de leur action (le corps tout comme la vision est ralenti, le temps de réaction fortement augmenté et le champ de vision passe de 170º à 30º seulement
Des scientifiques de l’Imperial Collège de Londres ont permis la première étude imagée moderne des effets du LSD sur votre cerveau. Les chercheurs veulent permettre l’utilisation du LSD sur des personnes atteintes de troubles mentaux. On aura vu les dangers et les effets de la consommation de psychédéliques mais la question maintenant est: les recherches de demain réussiront-elle à dompter les dangers de ces drogues et de bénéficier de leurs effets?
LINA HALIM/1S2
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